Les chaussures minimalistes : une mode controversée
Il y a quelques jours, Rue89 Sport publiait un article sur la mode controversée du soi-disant « retour aux sources » que représente la course à pied en chaussures minimalistes.
Jogging-Plus relaie cet article en publiant quelques extraits représentatifs.
Extraits de l’article de Rue89 Sport
Heureux comme les enfants et les hommes préhistoriques, ils courent pieds nus.
Pendant des heures sur le bitume, dans les parcs ou à la plage. Et sans se faire mal, disent-ils. Parfois ils arborent ces drôles de chaussures à orteils, qui font ressembler leurs pieds à des pattes de lézard.
Ils se sont donnés le nom de « barefoot runners », « les coureurs aux pieds nus ». Cette manière de courir et sa variante, la course minimaliste (avec des chaussures sans amorti), sont plus qu’une lubie néo-hippie. Une tendance sportive en pleine expansion.
Suite des extraits de l’article de Rue89 Sport
En fait, arguent-ils, c’est courir avec des baskets qui est mauvais : les semelles, l’amorti et le maintien excessif coupent le coureur de ses repères naturels, affaiblissent le pied, poussent aux mauvaises postures et donc aux blessures.
Un coureur converti raconte : « Je sens que ma foulée est beaucoup plus efficace. Je ressens vraiment le revêtement du sol […] On me pose tout le temps la question : “vous n’avez pas mal ? ” La réponse est non. Parfois j’ai de petits fragments de pierre qui s’incrustent dans ma peau, mais je m’entraîne au Bois de Boulogne, donc il faut s’y attendre ! »
A l’origine : le livre « Born to Run »
Les courses à pieds nus et minimaliste se sont popularisées aux Etats-Unis en 2009, après la sortie du livre « Born to Run » (« Né pour courir »), devenu depuis un best-seller. L’auteur, accro du jogging à qui les médecins avaient interdit de courir après de nombreuses blessures, raconte sa rencontre avec une tribu mexicaine qui court sur de très longues distances, parfois 240 km, dans de simples sandales de cuir faites à la main.
Courir avec des chaussures amorties pousse à attaquer le sol avec le talon : une partie de l’impact est absorbé par la semelle, mais la majeure partie se répercuterait dans les articulations du genou et des hanches. Au contraire, pieds nus, impossible de talonner sans se faire immédiatement mal : le coureur est forcé d’attaquer le sol avec l’avant du pied, la partie la plus charnue, permettant ainsi de rebondir et d’évacuer l’impact.
Aux Etats-Unis, en trois ans, le « barefoot running » a rapidement pris de l’ampleur, certaines courses sont réservées aux coureurs pieds nus. En France, le phénomène reste confidentiel, mais des rencontres sont régulièrement organisées.
Les médecins partagés
Les médecins sont partagés. Ainsi, le docteur Gilbert Pérès, de l’université Pierre et Marie Curie, n’est « pas enthousiaste. Les chaussures permettent d’atténuer les vibrations et de restituer une bonne partie de l’énergie au sol. Pieds nus, les vibrations sont transmises aux tendons, aux os, c’est très traumatisant. »
En vérité, rien ne permet aujourd’hui de trancher. Aucun essai clinique n’a encore montré les effets à long terme d’une pratique des courses à pieds nus ou minimalistes. Ni que courir pieds nus diminuait ou augmentait les risques de blessures. De l’autre côté, aucune étude n’a encore démontré que porter des chaussures de courses amorties améliorait les performances ou protégeait des blessures.
Le danger ? S’y mettre du jour au lendemain
Aux coureurs tentés par l’expérience, un kinésithérapeute conseille d’y aller très progressivement : « Le danger, ce sont les gens qui s’y mettent du jour au lendemain, parce que c’est la mode. »
Cyrille Gindre, entraîneur de grands coureurs depuis vingt ans, va dans le même sens. Pour lui, la clef, c’est de savoir écouter son corps : « Écoutez vos sensations. Ce n’est pas une chaussure ou une autre ou de courir pieds nus qui va créer le miracle. Cela reste des outils au service de coureurs qui savent d’abord s’écouter.“
Du côté des marques…
Adidas sortira sa chaussure minimaliste, l’Adipure Trainer en avril 2012 tandis qu’Asics, non convaincue par cette tendance a décidé de ne pas suivre cette mode mais de proposer une chaussure plus légère mais non minimaliste, l’ASICS 33 (comme les 33 articulations du pied).