Pronation et supination : le rôle de la chaussure
Nous avons décrit dans un premier article (lire ici) ce que sont la pronation et la supination, leur rôle respectif et leur moment d’application dans le cycle d’appui.
Petit rappel. Il s’agit de mouvements physiologiques complexes, naissants au niveau de l’arrière pied, qu’il convient de conserver tant qu’ils ne sont pas excessifs. Seul l’excès ou la formation de l’un au détriment de l’autre, avec un risque de blessure, justifiera de s’y opposer.
Partants de ce principe, les fabricants de runnings ont, ces vingt dernières années, cherché à apporter une réponse à un excès de pronation ou de supination en travaillant sur différents concepts. Est-ce la solution ?
Pronation et supination : considérer l’individu dans sa globalité
Il convient d’observer l’individu dans sa globalité à la recherche d’une harmonie entre le positionnement de l’axe « tronc – membre inférieur – pied », dans les 3 plans de l’espace (de face – de profil – horizontal).
Le défaut d’alignement de l’une de ces trois composantes induira automatiquement une attitude compensatrice des deux autres et donc des modifications de son appui au sol.
Selon les cas, il conviendra de contrer cet appui plantaire pour éviter le risque de blessure, ou de le stabiliser car il permettra de faire cohabiter le tout dans un « déséquilibre équilibré ».
Pronation et supination : principes d’action des chaussures correctrices
La pronation et la supination produisent schématiquement un mouvement de bascule du pied vers son bord interne pour la pronation ou son bord externe pour la supination. Ces mouvements sont observables de face ou bien de dos.
Les fabricants on donc travaillé sur des matériaux et / ou des principes pour reproduire l’effet d’une « pente » qui s’opposerait au mouvement généré par le pied, afin d’annihiler l’action mécanique du pied :
- Adjonction de mousse plus épaisse d’un bord à l’autre
- Incrustation de gel localement sur une partie de la semelle
- Fixation oblique de la « tige » (partie en tissu qui englobe le pied), en biais sur la semelle pour générer une « pente »
- Assemblage de différentes duretés de mousse, à des endroits clés de la semelle de la chaussure
Faut-il acheter une chaussure pour supinateur ou pronateur ?
La norme à l’achat doit donc rester la chaussure dite « neutre ou universelle », c’est-à-dire une chaussure qui n’induira aucun mouvement à votre pied durant le déroulé de l’appui.
Dans quelques cas et après en avoir discuté avec un podologue qui connaîtra les principales caractéristiques des modèles de running, il pourra être conseillé l’achat d’une chaussure correctrice, dans un but précis exposé préalablement lors du bilan podologique / postural.
Pronation et supination : que faire en cas de port de semelles orthopédiques?
Si le coureur porte des semelles orthopédiques, il devra alors acheter quasi-systématiquement des chaussures dites universelles.
Les semelles orthopédiques auront été conçues et réalisées spécifiquement et seront les seules à tenir compte des paramètres biomécaniques et posturaux du coureur.
La chaussure aura un rôle de calage neutre au sol, elle permettra ainsi d’apporter la stabilité indispensable au bon fonctionnement des corrections apportées par les orthèses plantaires.
Foulée pronatrice ou appui pronateur ?
Le terme de foulée pronatrice ou foulée supinatrice est utilisé à tort, lors des essais des chaussures en boutique.
L’analyse de la foulée, consiste à analyser l’ensemble du membre inférieur entre 2 appuis au sol du même pied et non le seul positionnement du pied.
L’observation du positionnement du pied au sol dissocié du reste du squelette, ne présente absolument aucun intérêt. Le vendeur observe donc votre appui au sol lors de la course (pronateur – supinateur – universel).
En effet, comment un architecte pourrait-il modifier les fondations d’une maison, sans connaître la structure propre de celle-ci (sa forme, son orientation dans les différents plans de l’espace, son poids, etc) ?
Pronation et supination : conclusion
Ce dernier pourra être la conséquence d’un défaut anatomique sus-jacent qui permet à l’individu de cohabiter dans son « déséquilibre équilibré ».
La correction systématique non justifiée pourra être à l’origine de blessures, pouvant aller jusqu’à l’apparition d’arthrose (ex : correction d’un appui pronateur chez un patient qui présente un genu Varum ou « genou arqué »).
La correction devra intervenir dans un but précis après analyse globale de la posture.
Elle sera apportée par des orthèses plantaires / semelles orthopédiques sur mesure, agissant à des moments clés de l’appui au sol du coureur, et non par une running de série.
Ces orthèses ne seront pleinement efficaces que dans une running dite UNIVERSELLE.
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Matthieu TOULZA
Podologue – Biomécanicien
Podologue du Sport (Paris)
Je vous remercie pour cet apprentissage clair et concis (moi qui ne connaissais pas j’ai vu un schéma où la position de supination était cohérente) et j’ai pu identifier immédiatement mon type d’appui – usure importante sur le médio-pied à l’intérieur. Et j’ai compris ce qui m’a été bénéfique pour ma foulée. Puis-je renvoyer à votre site et publier une part de ces contenus sur le mien ? Un nouveau site est en construction, je mets l’ancien mais il vaut mieux voir la page Fb. Cordialement